Au milieu du bouillonnement technologique du 20e siècle, le RCA Capacitance Electronic Disc (CED) se distingue comme une aventure fascinante mais finalement tragique dans l’histoire de la vidéo à domicile. Conçu pour démocratiser l’accès aux médias visuels, le CED de RCA représentait une innovation ambitieuse qui, malgré son ingéniosité, n’a pas su s’imposer face à ses concurrents plus évolutifs. Voici un retour sur cette technologie oubliée.
Innovations et promesses
Initié en 1964, le projet CED visait à créer un système de lecture vidéo analogique qui fonctionnait un peu comme un tourne-disque pour la vidéo. Après des années de recherche, RCA a finalement lancé le CED en 1981 sous le nom SelectaVision. La technologie reposait sur un concept de lecture de disque par un stylus, similaire à celui utilisé pour les tourne-disques. Chaque disque CED comportait des rainures extrêmement fines, alignées en spirale, où étaient encodées des informations vidéo et audio sous forme analogique. Lors de la lecture, un stylus diamanté parcourait ces rainures, et les variations de capacitance électrique causées par le passage du stylus étaient converties en signaux électriques. Ces signaux étaient ensuite décodés pour reproduire l’image et le son sur un téléviseur. Contrairement aux systèmes optiques modernes qui utilisent des lasers pour lire les disques, le CED nécessitait un contact physique entre le stylus et le disque, ce qui pouvait entraîner une usure plus rapide tant du stylus que du disque. Il ne faut pas confondre le CED avec le vidéo disque laser qui a lui aussi connu un échec retentissant quelques années plus tard.
Les disques CED étaient insérés dans des pochettes rigides, semblables à des cassettes, mais de plus grande taille. Ces pochettes, ou « caddies », protégeaient les disques de la poussière et des rayures, réduisant ainsi le risque d’endommagement des surfaces sensibles des disques. Les pochettes étaient conçues pour permettre l’insertion du disque dans le lecteur sans que l’utilisateur ait à toucher directement la surface enregistrée, ce qui aidait à préserver l’intégrité des données.
Défis techniques et décisions commerciales
Le chemin de RCA n’était pas sans embûches. Les défis techniques et les conflits internes ont retardé la production des CED pendant près de 17 ans. Lorsqu’il est finalement apparu sur le marché, le SélectaVision était déjà technologiquement dépassé par d’autres formats comme le LaserDisc et les cassettes vidéo Betamax et VHS. Cette concurrence, combinée à des ventes initiales décevantes, a entravé l’adoption du CED, malgré une qualité de vidéo comparable à celle du VHS.
Avantages et désavantages
Le CED avait des avantages, tels que son coût relativement bas à la production, et le fait qu’il n’exigeait pas de rembobinage. Cependant, il souffrait de plusieurs inconvénients majeurs. Chaque disque pouvait seulement être lu environ 500 fois dans des conditions idéales avant que la qualité ne se détériore. De plus, comme le système nécessitait un contact physique entre le stylus et le disque, cela augmentait l’usure, un problème non existant avec les systèmes de lecture optique comme le LaserDisc. Chaque face du disque pouvait contenir jusqu’à 60 minutes de vidéo en format NTSC, ce qui nécessitait de retourner le disque manuellement pour visionner la totalité d’un film souvent distribué sur deux faces.
L’Épilogue d’une révolution manquée
Face à des ventes stagnantes et un avenir commercial incertain, RCA a cessé la production des lecteurs CED en 1984 et des disques en 1986, après des pertes estimées à 600 millions de dollars. Cette décision a marqué la fin de l’aventure CED, un système qui, malgré son potentiel, n’a pas réussi à s’adapter aux réalités changeantes du marché audiovisuel.
L’échec inévitable
Le Capacitance Electronic Disc (CED) de RCA était une innovation technique remarquable, mais plusieurs décisions stratégiques ont contribué à son échec commercial. Notamment, RCA avait imposé des restrictions sur la distribution de contenus, notamment en interdisant la location de films sur ce support. Cette interdiction s’est avérée particulièrement préjudiciable, car la location de films était un moteur clé de la popularité du VHS. De plus, RCA a également choisi de ne pas autoriser la distribution de films pornographiques sur CED, une catégorie qui avait significativement stimulé les ventes de VHS. Ces restrictions, combinées à la fragilité intrinsèque des disques CED qui ne supportaient pas l’usure répétée typique des locations, ont empêché le format de s’adapter aux habitudes de consommation des utilisateurs, limitant ainsi sévèrement son adoption et sa diffusion sur le marché.