L’année 2024 restera dans les mémoires comme un tournant pour la démocratie américaine. Si le processus électoral a globalement tenu bon, le contexte numérique qui l’a entouré s’est révélé être un véritable champ de mines. Selon le rapport « Flooding the Gap » la très grande majorité de la désinformation ayant circulé en ligne visait à soutenir la candidature de Donald Trump, au détriment de la confiance envers les institutions démocratiques.
Un système électoral sous pression numérique
Malgré un déploiement remarquable des responsables électoraux pour garantir des résultats crédibles et transparents, les mois précédant l’élection ont été marqués par une intense campagne de désinformation. Les plateformes numériques, devenues des outils de polarisation massive, ont été envahies de récits faux et manipulés. La plupart de ces contenus ciblaient les adversaires de Trump, notamment la démocrate Kamala Harris, ou cherchaient à renforcer l’image de l’ancien président auprès de son électorat..
À mesure que l’échéance approchait, les plateformes sociales comme X (anciennement Twitter), Meta, et YouTube se sont transformées en champs de bataille où s’affrontaient récits mensongers, vidéos truquées et campagnes d’intimidation. Si les divisions sociales et politiques préexistaient, ces outils technologiques n’ont fait qu’attiser les flammes.
La désinformation comme arme de campagne
Le rapport met en évidence que des acteurs étrangers, notamment la Russie, ont diffusé plus de 110 récits mensongers liés à l’élection, dont une majorité appuyaient directement ou indirectement Trump. Par exemple, des accusations sans fondement de fraude électorale en faveur des démocrates ou des vidéos truquées montrant des « irrégularités » dans des bureaux de vote ont inondé X (anciennement Twitter) et Facebook.
Une vidéo particulièrement virale, produite par un réseau russe, montrait un employé supposé détruire des bulletins en Pennsylvanie, laissant entendre que le vote était manipulé en faveur des démocrates. Bien que rapidement démentie, cette vidéo a marqué l’opinion publique, alimentant des théories du complot déjà bien ancrées parmi les partisans de Trump.
Les plateformes complices
Les géants technologiques ont joué un rôle central dans la propagation de cette désinformation. Sous la direction d’Elon Musk, X a réintégré des comptes liés à des figures extrémistes et conspirationnistes, offrant une tribune à des récits faux et incendiaires. Meta, de son côté, a démantelé des outils de transparence comme CrowdTangle, rendant quasi impossible pour les chercheurs de surveiller la diffusion de contenus problématiques.
Ces décisions ont permis aux adversaires étrangers, et parfois aux groupes locaux pro-Trump, d’exploiter pleinement les failles de ces plateformes pour diffuser des récits favorisant l’ancien président.
Un échec collectif de régulation
Le rapport souligne également l’inaction du Congrès (majoritairement républicain), incapable de passer des lois cruciales pour renforcer la transparence et responsabiliser les plateformes. Les efforts pour contrer les campagnes de désinformation ont également été entravés par des pressions politiques, visant à discréditer les chercheurs et les institutions travaillant à dévoiler l’influence étrangère.
Est-il déjà trop tard ?
Si les élections de 2024 ont montré la résilience du système électoral américain, elles ont aussi révélé à quel point les plateformes numériques et leurs modèles économiques pouvaient être instrumentalisés. La désinformation, largement en faveur de Trump, a non seulement fracturé l’électorat, mais aussi sapé la confiance dans les fondements de la démocratie.
Le rapport conclut sur un avertissement clair : sans des réformes immédiates pour réguler les géants de la technologie et renforcer les protections contre la manipulation de l’information, les prochaines élections risquent d’être encore plus vulnérables. La démocratie ne pourra survivre que si la vérité reprend sa place centrale dans le débat public. Avec Trump au pouvoir, la vérité risque d’en prendre pour son rhume pour au moins 4 longues années !