Le projet Stargate, dévoilé par Donald Trump, suscite une avalanche de préoccupations. Avec un investissement massif de 500 milliards de dollars, cette initiative vise à renforcer la suprématie des États-Unis en intelligence artificielle (IA) et en puissance informatique. Mais derrière les promesses de développement se cache une réalité troublante : un retour en force des centrales au charbon pour alimenter des centres de données énergivores, au mépris des normes environnementales. Trump ne fait pas que réchauffer la planète, il veut aussi lever les garde-fous sur l’IA, ouvrant la porte à une ère de dérégulation où les intérêts des géants du web primeront sur l’éthique.
Un projet sans limites… et sans contraintes
L’objectif de Stargate est clair : faire des États-Unis la superpuissance absolue en IA. Pour y arriver, Trump veut déréguler le secteur et lever les restrictions sur la collecte et l’utilisation des données. Ce programme s’accompagne d’une collusion ouverte avec les géants du web, qui voient d’un bon œil cette manne énergétique et l’absence de réglementation contraignante. L’intelligence artificielle sans régulation, c’est un outil rêvé pour le contrôle de l’information, la désinformation et la manipulation de masse. Avec ce projet, Trump veut libérer l’IA, mais à quel prix ?
Quand on sait ce que cet homme a fait des réseaux sociaux – exploitation des divisions, amplification de la haine et désinformation massive –, on ne peut qu’être inquiet. En supprimant les garde-fous sur l’IA, il ouvre la porte à des systèmes capables de manipuler l’opinion publique sans qu’aucun frein légal ne puisse les arrêter.
Le Canada dans la mire de Trump
Le Canada n’est pas à l’abri de ce monstre numérique. Trump ne cache pas son mépris pour notre pays, et ses menaces se multiplient. Qu’il s’agisse de l’Arctique ou du commerce, il voit le Canada comme un obstacle à son hégémonie. L’IA dérégulée et la surpuissance des Big Tech sous son règne risquent d’exacerber les tensions. Un État numérique sous influence américaine, c’est un Canada plus vulnérable aux attaques informationnelles et aux manipulations algorithmiques. La souveraineté numérique est en jeu.
L’indépendance numérique du Canada : mission impossible ?
Face à ce rouleau compresseur, le Canada a-t-il les moyens d’être indépendant numériquement ? La réponse est brutale : non.
Le gouvernement canadien a beau afficher de grandes ambitions en matière de numérique, il est pris au piège d’une dépendance structurelle. Tout le matériel informatique – des puces aux serveurs – est contrôlé par des géants américains comme Nvidia, Intel et Qualcomm. Le Canada pourrait-il acheter Intel et rapatrier la fabrication de puces sur son sol ? C’est un rêve irréaliste. Intel vaut plusieurs centaines de milliards de dollars et une telle acquisition est hors de portée. De plus, l’écosystème des semi-conducteurs est entièrement intégré aux États-Unis, à Taiwan et à la Chine, rendant toute indépendance matérielle impossible.
Résister ou subir ?
Si le Canada ne peut pas rivaliser avec la puissance américaine en IA et en infrastructure numérique, il peut néanmoins renforcer sa cybersécurité, réglementer les plateformes et promouvoir des alternatives. L’Europe, par exemple, a imposé des règles strictes aux Big Tech pour protéger ses citoyens. Le Canada pourrait s’en inspirer pour limiter l’emprise des géants du web et éviter une colonisation numérique totale.
Mais ce ne sera pas une bataille facile. Les géants du web sont devenus presque ingouvernables. Ils ne se contentent plus d’exercer une influence économique : ils s’imposent désormais comme des entités politiques à part entière, prêtes à défier les États. Au Canada, Facebook a banni les médias de sa plateforme en guise de représailles contre la loi C-18, une législation qui oblige les entreprises technologiques à rémunérer les médias pour leur contenu. Ce geste démontre bien que les Big Tech ne se soumettent plus aux gouvernements démocratiques, mais les contournent ou les défient ouvertement.
Avec Trump, cette arrogance risque d’atteindre un niveau inédit. Les géants du web ont prospéré sous son règne et adopté son ton condescendant et agressif. Google, Facebook, Amazon et les autres oligopoles numériques ne cherchent plus seulement à dominer le marché, mais à dicter leurs propres règles, comme s’ils formaient un véritable régime parallèle, une oligarchie technologique à la sauce trumpiste.
Et comme si ce n’était pas suffisant, la déréglementation américaine en matière de pollution vient porter un coup dur au Canada. L’un des principaux atouts du pays pour attirer des centres de données massifs est son abondance d’énergie verte, notamment l’hydroélectricité. En supprimant les normes environnementales et en favorisant les énergies fossiles, les États-Unis viennent fausser la concurrence et détourner des investissements qui auraient pu venir au Canada. Une claque économique et écologique qui s’ajoute à la menace numérique.
L’enjeu est immense. Le projet Stargate de Trump n’est pas qu’un programme technologique : c’est une arme d’influence mondiale. Si Ottawa ne prend pas des mesures concrètes, nous risquons de nous réveiller dans un monde où notre souveraineté numérique – et même environnementale – ne sera plus qu’un souvenir.