À quelques jours des élections fédérales canadiennes, le New York Times met en lumière une situation inédite : l’absence quasi totale de nouvelles fiables sur Facebook et Instagram, conséquence du blocage imposé par Meta depuis 2023. Cette mesure, prise en réaction à une loi obligeant Meta à rémunérer les éditeurs de presse canadiens, a créé un vide informationnel où les contenus partisans, trompeurs et viraux, notamment ceux de la droite, prospèrent sans contrepoids journalistique.
Analyse : Canada Proud et la désinformation ciblée
Le cas le plus marquant rapporté par le New York Times concerne Canada Proud, une page Facebook de droite suivie par plus de 620 000 personnes, dont l’audience rivalise avec celle des principaux leaders politiques du pays. Cette page a récemment diffusé des images de Mark Carney, nouveau premier ministre et chef du Parti libéral, en compagnie de Ghislaine Maxwell, associée notoire de Jeffrey Epstein. Bien qu’il n’existe aucune preuve d’une relation étroite entre Carney et Maxwell, Canada Proud a multiplié les publications et publicités payantes accusant Carney de « s’associer à des trafiquants sexuels », manipulant ainsi l’opinion publique à partir d’un simple cliché social vieux de plus de dix ans.

Ce type de contenu, extrêmement partisan et souvent trompeur, est désormais omniprésent sur les réseaux sociaux, où il n’est plus contrebalancé par le journalisme professionnel. Canada Proud va jusqu’à détourner des articles de presse pour faire croire, à tort, que Carney aurait suspendu sa campagne à cause d’un scandale lié à la Chine
Le Canada fait face à une élection majeure dans un contexte où la désinformation partisane domine les flux Facebook et Instagram, en l’absence totale de nouvelles vérifiées.
New York Times
Perspectives : risques accrus pour la démocratie
Le New York Times souligne que cette situation favorise la montée de la désinformation, d’autant plus que des publicités redirigent parfois les utilisateurs vers de faux sites imitant la CBC, mais servant en réalité de vitrines à des plateformes commerciales douteuses.

En l’absence de sources fiables sur les réseaux sociaux les plus consultés au pays, les groupes militants comme Canada Proud disposent d’un terrain libre pour imposer leur récit et influencer le scrutin. Ce vide médiatique, combiné à des techniques de microciblage et à la viralité des contenus polarisants, représente un risque majeur pour la qualité du débat démocratique et la capacité des électeurs à faire des choix éclairés.