Mark Zuckerberg, PDG de Meta, semble offrir des victoires politiques aux républicains à l’approche de l’élection présidentielle de 2024. En acceptant les griefs de longue date du GOP concernant les politiques de son entreprise, Zuckerberg prouve encore une fois que les géants de la Silicon Valley ne sont motivés que par leurs intérêts financiers, au mépris de la démocratie.
Dans une lettre récente adressée au comité judiciaire de la Chambre des représentants, dirigé par le républicain Jim Jordan, Zuckerberg a affirmé que l’administration Biden avait « fait pression » sur Meta pour censurer certains contenus liés au COVID-19 pendant la pandémie. Cette déclaration, saluée par les républicains, est une tentative claire de gagner des faveurs politiques en affaiblissant les efforts de modération de la désinformation, efforts qui étaient pourtant nécessaires pour protéger la santé publique.
Dans sa lettre, Zuckerberg rallume les tensions dans une période déjà polarisée. En critiquant la pression pour modérer les fausses nouvelles, il laisse entrevoir une dangereuse ouverture pour la désinformation. Zuckerberg mentionne également que le FBI avait informé Facebook d’une possible opération de désinformation russe à propos de l’affaire du laptop de Hunter Biden. Le chef de Meta regrette maintenant la décision de limiter le partage de cet article, affirmant qu’il avait été « clairement établi que le reportage n’était pas de la désinformation russe ». Pourtant, cette affaire est loin d’être simple. En février 2024, le ministère de la Justice a révélé qu’Alexander Smirnov, un informateur de longue date du FBI, avait inventé l’histoire d’un pot-de-vin de 5 millions de dollars prétendument versé à Joe et Hunter Biden, et qu’il diffusait de nouveaux mensonges après avoir rencontré des agents des services de renseignement russes. Ce contexte jette une nouvelle lumière sur la complexité de la désinformation autour de cette affaire.
Avec Elon Musk qui a transformé Twitter en un dépotoir de désinformation, il devient de plus en plus évident que ces magnats du numérique ne sont pas là pour améliorer le monde, mais pour faire rentrer toujours plus d’argent. Il n’est pas surprenant que plusieurs milliardaires de la Silicon Valley soutiennent Donald Trump, un président qui prône des allégements fiscaux pour les plus riches et un laissez-faire total pour la désinformation.
La désinformation n’est pas une forme de liberté d’expression.
Ceux qui scandent haut et fort la liberté d’expression sont souvent les mêmes qui désinforment et diffament. Pendant ce temps, la grande majorité de la population ne verra jamais ses publications modérées ou censurées, car cette majorité n’a pas besoin de créer de fausses nouvelles pour des profits personnels. Le Trumpisme radicalise les mouvements de droite partout dans le monde en basant son modèle sur le mensonge et la diffamation. Les réseaux sociaux comme Facebook, X ou TikTok offrent une visibilité incroyable au contenu conspirationniste et mensonger car il suscite de l’engagement. Dans le petit monde de l’Internet, l’engagement égale le cash, et Facebook est devenu une véritable pompe à cash sans aucune pitié pour les lois et les utilisateurs. L’information doit être basée sur des faits, des preuves scientifiques et des témoignages vérifiables. Propager des mensonges pour manipuler des élections ou saper la santé publique est non seulement irresponsable, mais criminel. La liberté d’expression passe par le respect d’autrui, des lois et de la vérité. Ce n’est pas une question de liberté d’expression, mais de préservation de la démocratie.
Dans sa lettre au Congrès américain, Zuckerberg donne des munitions aux républicains et fait un pied de nez à tous ceux qui se sont sacrifiés pour combattre la COVID. Modérer le contenu mensonger et dangereux en pleine crise sanitaire est tout à fait normal, et même Trump l’a fait pendant son mandat. Cette lettre de Zuckerberg, qui arrive à un moment où la démocratie peut basculer, est encore une autre preuve de la complaisance des géants de la Silicon Valley envers les profits, au détriment du bien commun et de la santé publique.
Les médias canadiens bannis depuis un an
Les médias canadiens sont bannis de Facebook depuis plus d’un an, une décision qui a eu des conséquences majeures sur l’écosystème médiatique du pays. Selon l’Observatoire de l’écosystème des médias de l’Université McGill, les trois quarts des Canadiens ne sont même pas conscients de ce blocage. Pourtant, une grande majorité continue de s’informer via Facebook et Instagram, ignorant qu’ils sont exposés à une vision plus biaisée et moins factuelle de la politique et des actualités. Cette situation est d’autant plus inquiétante que les contenus partagés ne proviennent plus de sources fiables, mais d’influenceurs, de politiciens, ou simplement d’amis et de famille. En bannissant les nouvelles vérifiées, Meta a non seulement privé les Canadiens d’informations factuelles, mais a également aggravé la désinformation sur ces plateformes. Les chercheurs de McGill notent que cette situation pourrait offrir un levier au législateur pour forcer Meta à verser des redevances aux médias, bien que cela reste à voir.
Moins de modération plus de désinformation
Mark Zuckerberg affirme dans sa lettre au Congrès qu’il ne souhaite pas s’immiscer dans la politique. Cependant, en retirant la modération des fausses nouvelles, il donne aux républicains et aux mouvements de droite à travers le monde une occasion en or de diffuser des informations mensongères, renforçant ainsi les narratifs conspirationnistes et sapant les fondements mêmes de la démocratie.
C’est particulièrement ironique de voir la droite scander haut et fort la liberté d’expression alors qu’elle bannit des livres, empêche les professeurs dans les écoles de traiter de certains sujets, et méprise les communautés ethniques et LGBTQ. Cette contradiction flagrante met en évidence l’hypocrisie d’une idéologie qui prétend défendre la liberté tout en restreignant l’accès à l’éducation et à l’information.
En fin de compte, ces entreprises qui prétendent protéger la liberté d’expression et le débat public sapent en réalité les fondements mêmes de nos sociétés démocratiques. Il est crucial que nous restions vigilants et que nous exigions plus de transparence et de responsabilité de leur part. Les médias traditionnels doivent être renforcés, et non réduits au silence, afin de combattre la marée montante de la désinformation qui menace notre avenir.