Je suis sur Twitter depuis 2009 et j’aimais bien l’interaction et la bonne humeur qui y régnaient à l’époque. Twitter fut un véritable catalyseur pour l’information, permettant une connexion inédite entre les acteurs de la société : politiciens, chefs d’entreprise, journalistes… Tous pouvaient rester informés dans une atmosphère généralement respectueuse. Cette semaine, j’ai suivi la vague et me suis inscrit sur BlueSky, un réseau social lancé au printemps 2023. À l’origine, il fallait une invitation d’un membre pour y accéder, et comme je n’avais jamais reçu de faire-part, j’avais mis de côté l’idée de me faire un compte sous ce « ciel bleu ». Pendant ce temps, Twitter virait de plus en plus sombre… un véritable « dark moineau »! Depuis l’acquisition de Twitter par Elon Musk en octobre 2022, la liberté d’expression y est devenue une liberté de mentir et d’agresser quiconque ne partage pas les mêmes opinions que le « désinformateur en chef ». Les sbires numériques de Musk abusent allègrement de cette prétendue liberté, détruisant toute tentative de débat. Ce climat virtuel a contribué à décomplexer une frange de la population qui se montre désormais agressive envers les institutions et les opinions divergentes, un phénomène qui prend de plus en plus d’ampleur dans le monde réel.
Comme dans Retour vers le futur
Cette semaine, j’ai fait découvrir à ma fille de 9 ans la trilogie « Retour vers le futur ». Bien qu’elle ait adoré cette série, elle a trouvé amusant de constater que le « futur » du deuxième film se déroule dans notre passé ! Je ne vous raconterai pas toutes les explications que j’ai dû lui donner pour qu’elle comprenne que le présent du film est en 1985 ! Au-delà du côté ludique de cette magistrale trilogie, quelque chose m’a frappé en regardant le deuxième volet, celui où Marty revient en 1985 pour découvrir un monde dystopique où Biff règne en tyran sur une ville en ruines. Quand je me branche sur X, j’ai l’impression d’être dans ce monde parallèle où « Biff Trump » a semé le chaos partout !
BlueSky, c’est quoi ?
Après ce long préambule, entrons dans le vif du sujet ! Pour l’utilisateur lambda, BlueSky peut ressembler à une version du Twitter des beaux jours, mais son essence est bien différente. Conçu initialement au sein de Twitter en 2019, BlueSky est devenu une entité autonome en 2021. Accessible sur invitation dès mars 2023, il s’est ouvert au grand public en février 2024. BlueSky repose sur l’AT Protocol, un protocole ouvert permettant aux utilisateurs de naviguer entre différents serveurs sans perdre leurs contacts, publications ou identifiants. Cette flexibilité leur donne une liberté rare dans un écosystème numérique dominé par des plateformes fermées.
Contrairement aux réseaux centralisés, où quitter une plateforme revient souvent à abandonner son réseau et ses données, BlueSky propose un modèle de portabilité. Les utilisateurs peuvent ainsi conserver leur identité numérique, même en changeant de serveur ou de communauté. Le protocole AT facilite cette mobilité en unifiant les formats de données et d’identités entre les diverses applications sociales bâties sur ce modèle.
Débuter avec BlueSky
Parmi les atouts de la plateforme, on retrouve les « kits de démarrage », qui permettent aux utilisateurs de suivre des listes thématiques ou communautaires (passionnés de jeux vidéo, professionnels d’un domaine, etc.). Ces kits facilitent la création d’un réseau d’intérêts communs et permettent de construire rapidement un fil d’actualités pertinent.
En matière de personnalisation, BlueSky propose des fils de lecture intelligents, avec des options comme « Popular With Friends » pour voir ce qui est populaire chez ses contacts ou « Catch UP » pour afficher le contenu le plus apprécié des dernières 24 heures. Pour ceux qui cherchent à limiter la toxicité, BlueSky offre des outils de modération avancés : on peut masquer certains utilisateurs, contrôler les discussions sous ses publications, ou retirer une citation non désirée de l’une de ses publications.
Enfin, BlueSky permet d’utiliser son propre nom de domaine, ajoutant une touche personnelle et professionnelle à son adresse en ligne. Cette combinaison d’outils de personnalisation, de modération et de flexibilité offre aux usagers une expérience enrichie, adaptée à leurs préférences, en contraste marqué avec l’environnement souvent perçu comme plus restrictif et conflictuel des autres réseaux sociaux.
Construire sa propre modération
La modération repose, par exemple, sur des listes de blocage et des services de modération autonomes, offrant ainsi aux communautés une plus grande latitude pour autogérer leurs contenus. Alors que sur X, la modération est assurée par des notes de la communauté d’une efficacité relative et que, lors des élections américaines, Musk a permis aux comptes bloqués de voir tout de même vos publications, BlueSky offre la possibilité de créer des listes de comptes toxiques à bloquer de façon proactive. Cette approche de modération avancée a déjà séduit plus de 16 millions d’utilisateurs en novembre 2024, et BlueSky continue de croître en popularité, s’imposant comme un modèle prometteur pour l’avenir des conversations publiques en ligne. Reste à voir si l’appât du gain ne viendra pas dénaturer BlueSky.