Linda Yaccarino, PDG de X (anciennement Twitter), a pris la scène au CES 2025, laissant une impression mitigée. Interviewée par la journaliste Catherine Herridge, Yaccarino a présenté X comme une plateforme en pleine expansion, se vantant de ses innovations technologiques et de sa capacité à redéfinir les règles du jeu dans le domaine des médias sociaux. Mais derrière cette rhétorique optimiste se cachent des éléments plus troublants qui méritent une réflexion critique.
Des éloges à Mark Zuckerberg
Je ne crois pas que ça risque d’arriver souvent, mais dès le départ, Yaccarino a surpris en saluant la décision de Mark Zuckerberg et de Meta d’abandonner leur programme de modération des faits pour adopter un modèle inspiré des « Community Notes » de X. Elle a qualifié cette approche de « conscience collective mondiale », vantant son efficacité pour freiner la désinformation. Cependant, en glorifiant cette approche, elle minimise les risques inhérents à une modération quasi inexistante, où les biais et les manipulations peuvent facilement proliférer sous couvert de liberté d’expression. « Bienvenue dans la fête », a-t-elle lancé à Meta, une déclaration qui reflète davantage une compétition de lâcher-prise qu’un engagement envers l’information vérifiée.
Elon Musk, le Doge et les limites de la transparence
Le rôle d’Elon Musk dans la transformation de X n’a pas été oublié. Yaccarino a brièvement abordé le projet DOGE, présenté comme un outil pour identifier et réduire le gaspillage gouvernemental. Si l’idée semble noble sur le papier, elle est également teintée d’un potentiel conflit d’intérêts, Musk étant un acteur de premier plan dans la gestion de X et dans ses interactions avec le gouvernement américain. Ce projet soulève une question clé : dans quelle mesure une entreprise privée peut-elle s’immiscer dans les affaires publiques sans tomber dans l’ingérence?
Sur ce point, Yaccarino a balayé les critiques concernant l’implication de Musk dans les discussions politiques et économiques globales, affirmant que la plateforme est un espace de libre échange d’idées. Pourtant, l’accusation d’« interférence politique » portée par des dirigeants européens, notamment à propos des récentes controverses au Royaume-Uni, reste dans l’air. Yaccarino a défendu l’impact positif de ces échanges, les qualifiant de catalyseurs de justice et de transparence. Mais son argument selon lequel X est un « nouvel espace démocratique » sonne creux dans un contexte où Musk utilise régulièrement la plateforme pour promouvoir ses propres intérêts et propager de la désinformation.
Tout ça pour les enfants !
Linda Yaccarino a repris au CES 2025 une rhétorique familière dans certains cercles de la droite américaine : celle où la liberté d’expression prime même sur la vérité. Son discours, parsemé de critiques à peine voilées envers les médias traditionnels, les qualifiant de dépassés et biaisés, a mis en avant X comme le sauveur d’une presse en crise. Dans le même souffle, elle a martelé que X avait fait de la protection des enfants une priorité, citant les efforts de la plateforme pour réorganiser ses priorités et sécuriser son espace numérique. Bien que cela puisse sembler noble, cette vision simpliste et polarisante cache une réalité plus complexe, où X se positionne autant comme un acteur disruptif que comme un terrain fertile pour des idées parfois controversées.