Depuis l’arrivée de ChatGPT, l’intelligence artificielle est partout. C’est rendu qu’on ne vend plus un téléphone intelligent sans IA dedans. Et là, Google vient de nous sortir le « mode IA » dans son moteur de recherche. Ce que ça veut dire ? Que Google va répondre à notre place, directement dans les résultats de recherche, sans même qu’on ait besoin de cliquer sur un site.
Avant, les résumés générés par Google servaient de point d’entrée vers les contenus originaux. L’usager devait encore cliquer sur le lien pour obtenir l’information complète, découvrir la source, contextualiser. Aujourd’hui, avec les aperçus IA, cette étape disparaît. L’intelligence artificielle synthétise, reformule et présente l’information directement dans la page de résultats. Résultat : les internautes trouvent ce qu’ils cherchent sans même consulter les sites à l’origine du contenu. Les créateurs deviennent invisibles.
Un autre coup de poignard pour les médias
Pour les créateurs de contenu, les blogueurs, les journalistes, c’est l’équivalent numérique d’un vol à l’étalage. On prend notre contenu, on le résume, pis on le redistribue dans une interface qui garde l’usager captif. Résultat : moins de trafic sur nos sites, moins de revenus, moins de visibilité.
Déjà qu’on gagnait pas notre vie avec trois bannières publicitaires pis deux clics par jour. Là, c’est la goutte qui fait déborder le vase. Google garde tout pour lui, les clics, les revenus, puis l’attention du monde. Et pendant ce temps-là, les gens pensent que c’est de la magie gratuite.
Les géants remplacent les humains
Dans les années 2010, les réseaux sociaux avaient déjà commencé à gruger notre autonomie. On ne sortait plus de Facebook ou de Twitter. C’était là que l’information circulait. Puis quand les médias s’en sont plaints, les géants du web ont proposé des miettes : un peu d’argent ici, un programme de créateurs là…
Aujourd’hui, ils font encore mieux : ils nous remplacent. OpenAI développe un assistant vocal et visuel qui va s’installer direct sur votre bureau. Meta travaille sur un réseau social entièrement généré par l’IA, avec des amis virtuels. Fini les humains, place au contenu automatique. T’as une question ? L’IA te répond. T’as une envie ? L’IA te devance.
L’IA a besoin de contenu
Ce que les géants de la tech oublient de dire, c’est que l’intelligence artificielle a besoin d’humains pour fonctionner. Elle ne couvre aucun événement. Elle n’assiste à rien. Elle ne prend pas de notes, ne mène aucune entrevue. Elle se nourrit du travail des journalistes, des chroniqueurs, des observateurs. Sans ce contenu de première main, il n’y a plus rien à résumer.
Et si plus personne ne prend le temps de raconter, de vérifier, de documenter les faits… l’IA fera quoi ? Elle répétera ce qu’elle sait déjà, en boucle. Elle comblera les vides avec des approximations. Et la vérité, elle, s’effacera.
Vers un web sans mémoire
Ce que Google propose, ce n’est pas juste un nouveau mode de recherche. C’est un web sans clics. Et un web sans clics, c’est un web sans créateurs. Sans pluralité. Sans mémoire.
Parce que si l’on ne clique plus, si l’on ne consulte plus les sources, si l’on ne lit plus ceux et celles qui font le travail de terrain, on ne saura plus vraiment ce qui se passe. On saura juste ce que l’algorithme veut bien nous dire.
L’intelligence artificielle devait nous aider. Mais elle est en train de nous remplacer. Pas parce qu’elle est meilleure. Parce qu’on lui laisse toute la place. Et si on continue dans cette direction, ce ne sont pas seulement les médias qu’on va perdre, c’est notre capacité à comprendre le monde tel qu’il est. Pas tel qu’on nous le résume.