On a souvent l’impression que les grandes inventions technologiques sont nées dans les labos américains ou européens. Pourtant, plusieurs idées qui ont changé le monde ont vu le jour ici même, au Canada. Des percées médicales aux révolutions numériques, des outils du quotidien aux innovations industrielles, l’ingéniosité canadienne s’est imposée, parfois dans l’ombre, souvent sans tapage, mais toujours avec impact.
Voici un survol de quelques-unes de ces inventions marquantes. Des créations bien d’ici, qui ont laissé leur empreinte partout ailleurs.
Le téléphone
Quand on parle de l’invention du téléphone, les États-Unis se mettent souvent en avant. Mais le récit complet de cette avancée technologique passe bel et bien par le Canada. Alexander Graham Bell, né en Écosse, s’est installé à Brantford, en Ontario, où il a mené plusieurs expériences décisives dès 1874. C’est dans son atelier canadien que l’idée du téléphone a pris forme.
Ce n’est pas un détail patriotique. Bell lui-même a toujours soutenu que son travail fondateur avait eu lieu sur le sol canadien. Deux ans plus tard, en 1876, le tout premier appel interurbain de l’histoire est effectué entre Brantford et Paris… en Ontario, évidemment. On est encore loin du cellulaire et de la voix HD, mais c’est ici que la première étincelle a jailli. Le Canada peut donc, sans rougir, revendiquer une part de cet héritage technologique planétaire.


L’ampoule électrique
Avant que Thomas Edison ne devienne l’homme qui « éclaira le monde », deux Canadiens, Henry Woodward et Mathew Evans, avaient déjà fait jaillir la lumière électrique… à Toronto. Le 24 juillet 1874, ils déposent le brevet canadien n° 3738 pour une ampoule composée d’un filament de carbone enfermé dans un tube de verre rempli d’azote.
Leur innovation visait un problème bien réel : l’éclairage urbain à la fin du XIXe siècle était dangereux, inefficace ou coûteux. Le gaz, le pétrole, et les lampes à arc n’étaient pas des solutions idéales. L’ampoule à incandescence, si elle pouvait devenir pratique et abordable, représentait une révolution.

Woodward et Evans avaient trouvé le bon matériau : le carbone. Moins cher que le platine et capable de résister à la chaleur sans fondre. Malheureusement, sans les moyens financiers pour industrialiser leur invention, ils ont vendu leur brevet… à Thomas Edison. Ce dernier n’a pas inventé l’ampoule de toutes pièces. Il a affiné les travaux de ses prédécesseurs, dont ceux des deux Canadiens, pour créer un produit commercialisable.
Le filament de carbone qu’il a utilisé? Ce n’est pas une coïncidence. C’était au cœur du brevet canadien. Sans l’apport de Woodward et Evans, Edison n’aurait peut-être jamais trouvé cette clé.
Aujourd’hui, l’histoire les a relégués dans l’ombre. Pourtant, sans leur idée lumineuse, le monde aurait peut-être attendu un peu plus longtemps avant de sortir de l’obscurité.
L’insuline
Jusqu’au début du XXᵉ siècle, un diagnostic de diabète équivalait souvent à une condamnation à mort lente. En 1921, alors qu’il enseigne à l’Université Western Ontario et prépare une conférence à Toronto, le Dr Frederick Banting a l’idée novatrice de ligaturer les conduits pancréatiques pour éviter la contamination des extraits pancréatiques par les enzymes digestives. Il obtient l’appui du professeur John Macleod, qui lui fournit un laboratoire, des animaux de recherche, et lui confie l’étudiant Charles Best . En mai 1921, Banting et Best commencent leurs essais ; en décembre, le biochimiste James Collip les rejoint. Ensemble, ils isolent et purifient l’insuline, un extrait pancréatique efficace sur des chiens, puis sur des humains dès janvier 1922 .

Le premier patient humain traité était Leonard Thompson, un adolescent diabétique de 14 ans de l’Hôpital général de Toronto. Sa première injection, en janvier 1922, cause une réaction allergique. Mais grâce au travail rapide de Collip, une deuxième injection plus pure stabilise sa glycémie.
Reconnu mondialement dès 1923, le Dr Banting et le professeur Macleod sont honorés du prix Nobel de physiologie ou médecine. Banting partage sa moitié avec Best, et Macleod fait de même avec Collip, reconnaissant ainsi l’apport essentiel de chacun.
En juillet 2017, Parcs Canada désigne officiellement la découverte de l’insuline comme « événement historique national ». L’Université de Toronto et les laboratoires Connaught continuent de jouer un rôle crucial dans la production et la diffusion de l’insuline au Canada et à l’étranger, et le brevet est volontairement vendu pour seulement un dollar symbolique, afin de servir le bien commun
Au cœur de tout cela, une idée simple mais révolutionnaire, isoler une hormone pancréatique, qui sauve des vies et transforme la perception du diabète à jamais.
Le stimulateur cardiaque (Pacemaker)
En 1950, un ingénieur canadien du nom de John “Jack” Hopps invente la première version pratique du pacemaker, alors qu’il travaille au sein du Conseil national de recherches du Canada, à Ottawa. Recruté pour rejoindre l’Institut Banting à Toronto, il collabore avec les chirurgiens Wilfred Bigelow et John Callaghan qui explorent l’hypothermie comme technique pour ralentir le cœur durant les opérations. Hopps découvre que des impulsions électriques peuvent relancer le cœur et développe un appareil externe, de la taille d’un petit radio, utilisant des tubes à vide et des électrodes transmises via la veine jugulaire.

Son prototype, testé avec succès sur des chiens, marque un tournant : il jette les bases des pacemakers implantables qui sauveront des millions de vies . Cet appareil portable, bien que rudimentaire et parfois douloureux, ouvre la voie aux dispositifs modernes, plus petits et alimentés par batterie.
Hopps, aujourd’hui reconnu comme le « père de l’ingénierie biomédicale au Canada », a non seulement révolutionné la cardiologie, mais a aussi fondé la Société canadienne de technologie médicale et biologie en 1965, et a été nommé Officier de l’Ordre du Canada en 1986
Imax
C’est dans la foulée de l’Expo 67 à Montréal qu’a germé une idée folle : transformer l’écran de cinéma en fenêtre ouverte sur l’infini. Quatre Canadiens — Graeme Ferguson, Roman Kroitor, William Shaw et Robert Kerr — décident de réinventer la façon de filmer, de projeter et surtout, de faire vivre le cinéma. IMAX est né de cette ambition-là : celle de faire ressentir le cinéma, pas juste le regarder.

Leur première démonstration, Tiger Child, est projetée en 1970 à l’Expo d’Osaka. Depuis, le système s’est affiné, perfectionné, amplifié. Aujourd’hui, voir un film tourné en IMAX, c’est vivre quelque chose de physique, viscéral.
Je l’ai vécu moi-même à New York, en assistant à une projection d’Oppenheimer en pellicule 70mm, dans une vraie salle IMAX. Chaque plan, chaque bruit sourd du test nucléaire, chaque silence étiré devenait une onde de choc dans le corps. Ce n’était pas un simple film : c’était une immersion, une déflagration visuelle et sonore.
IMAX, c’est une preuve que l’ingéniosité canadienne ne se contente pas de servir le confort ou la science. Elle peut aussi frapper l’imaginaire, et ce, sur grand écran, partout sur la planète.
Blackberry : l’outil des puissants, né à waterloo
Avant l’iPhone, avant Android, il y avait BlackBerry. Et dans les années 2000, si tu voulais être pris au sérieux dans le monde des affaires, ou dans les couloirs du pouvoir, tu avais ton BlackBerry à portée de main. Ce téléphone intelligent à clavier physique, capable d’envoyer des courriels en temps réel, a transformé notre rapport à la communication. Et c’est ici, au Canada, qu’il est né.
Tout commence en 1984 à Waterloo, en Ontario, quand Mike Lazaridis et Doug Fregin fondent Research In Motion. Après des années de développement dans le monde des téléavertisseurs bidirectionnels, ils lancent en 1996 le RIM Inter@ctive Pager 900. L’appareil ressemble à une télécommande, mais il peut envoyer et recevoir des courriels, une révolution.
Puis vient le fameux BlackBerry. Le premier modèle permettant de faire des appels téléphoniques, le 5810, sort en 2002. Il combine tout : clavier QWERTY, courriels instantanés, messagerie sécurisée. Rapidement, les politiciens, les PDG et même les célébrités s’en emparent. L’expression « crackberry » devient populaire pour désigner l’addiction qu’il provoque.
Petite anecdote : le nom « BlackBerry » vient du fait que le clavier de l’appareil rappelait les graines d’une mûre (blackberry en anglais). Pas un nom tiré d’un chapeau, mais bien d’un détail visuel réfléchi.
Si la marque s’est depuis éclipsée face aux géants américains et asiatiques, elle demeure un symbole. Pendant près d’une décennie, BlackBerry a dicté les standards de la mobilité mondiale, avec une innovation 100 % canadienne au cœur du réseau.
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