Ces technologies trop en avance pour leur temps

Steeve Fortin
Par
Steeve Fortin - Éditeur
6 minutes de lecture

Un survol de ces inventions ambitieuses qui ont devancé leur époque sans réussir à trouver leur place dans le marché.

L’histoire récente des technologies est remplie d’inventions qui ont voulu arriver avant leur temps. Certaines idées étaient brillantes, mais elles se heurtaient à un marché pas encore prêt, à des limites techniques bien réelles ou simplement à des habitudes difficiles à changer. On trouve là des appareils conçus avec sérieux et ambition, mais tombés entre deux époques, ni tout à fait futuristes, ni tout à fait utiles. De la robotique domestique aux premiers réseaux sociaux, ces projets montrent que devancer l’avenir demeure un pari rarement gagnant.

Neo, le futur qui prend son temps

Le robot Neo est devenu en quelques semaines une curiosité technologique qui fait autant sourire qu’elle intrigue. Conçu pour accomplir des tâches ménagères et vendu à un prix qui dépasse celui d’une bonne voiture usagée, il illustre bien la tendance actuelle à confier nos gestes les plus simples à des machines encore limitées. Voir Neo se déplacer avec lenteur, hésiter devant un objet ou rater une tâche pourtant banale rappelle que la robotique domestique n’en est qu’à ses premiers balbutiements. L’appareil offre un aperçu d’un avenir où l’humain déléguera toujours plus de responsabilités aux machines, un avenir qui fascine autant qu’il inquiète.

Je ne suis probablement pas le seul à avoir un malaise en voyant ce robot Humanoide
Le Wall Street Journal a pu faire l’essai du robot

Quand Google voyait trop loin

Les Google Glass demeurent l’exemple parfait d’un produit lancé avant que le public ne soit prêt. Arrivées en 2013 avec un prix de 1 500 $, ces lunettes intelligentes promettaient d’afficher de l’information directement dans le champ de vision. L’idée était originale, mais les doutes entourant la vie privée, la faible autonomie et le manque d’usages concrets ont saboté son adoption. Les lunettes ont surtout fini par devenir un gadget difficile à justifier. L’idée était là, mais l’usage réel ne suivait pas, et elles n’ont jamais réussi à s’installer dans la vie de tous les jours.

Google Glass avec module latérale
Les Google Glass, les lunettes connectées dévoilées par Google en 2013.

EV1, la pionnière oubliée

Lancée à la fin des années 1990, l’EV1 surprenait par son autonomie et sa conduite, des qualités assez rares pour un véhicule électrique de cette époque. Pourtant, sans réseau de recharge, avec des coûts élevés et une industrie encore attachée à l’essence, l’EV1 n’a jamais pu dépasser le stade du projet expérimental. Le programme a été abandonné avant d’atteindre sa pleine maturité, laissant l’impression que l’idée était bonne, mais le contexte, nettement moins.

Voiture GM EV1
Le documentaire Qui a tué la voiture électrique qui date de 2006 relate l’histoire de la GM EV1

Le réseau social qui a ouvert la porte…

MySpace a dominé le début des années 2000 en devenant l’un des premiers grands réseaux sociaux. Son avance était réelle, mais la plateforme a vite été freinée par une interface complexe et un écosystème difficile à maintenir. Pendant ce temps, la concurrence misait sur la simplicité. Facebook, notamment, proposait une expérience plus uniforme et beaucoup plus accessible. MySpace n’a jamais réussi à suivre le rythme et s’est effrité au fil du temps, même si c’est lui qui avait ouvert la voie.

Bien avant qu’Elon Musk impose automatiquement ses publications à tous les usagers de X. En 2003, Tom Anderson, co-fondateur de MySpace était dans vos amis par défaut !

Quand Apple rêvait de la tablette avant tout le monde

L’Apple Newton, lancé en 1993, aurait pu marquer l’histoire autrement. L’appareil offrait un aperçu de ce que deviendraient les outils mobiles modernes, avec un stylet et une reconnaissance d’écriture qui promettaient beaucoup. Le problème, c’est que la technologie ne suivait pas. Les erreurs d’interprétation étaient fréquentes, le prix trop élevé et l’idée du stylet, mal vue. À son retour chez Apple, Steve Jobs a mis fin au projet, lui qui n’aimait pas du tout ce type d’accessoire. Plusieurs concepts du Newton referont surface dans les appareils modernes, mais l’original, lui, n’a jamais trouvé sa place.

Assistant numérique Apple Newton dans la main d'un utilisateur
L’Apple Newton, un assistant numérique personnel lancé en 1993

Exo PC, l’idée juste au mauvais moment

L’Exo PC fait partie de ces projets québécois qui avaient tout pour attirer l’attention. Fabriquée à Rimouski, la tablette fonctionnait sous Windows 7 et proposait une interface tactile étonnamment soignée pour l’époque. Tout semblait en place pour qu’elle perce, jusqu’au moment où Steve Jobs a présenté l’iPad au début de 2010. Le succès fulgurant de la tablette d’Apple a littéralement éclipsé l’Exo PC, malgré son potentiel et la qualité du travail derrière le projet. Une technologie prometteuse, arrivée au mauvais moment.

Tablette Exo PC , affichant son interface tactile
L’Exo PC, la tablette tactile québécoise conçue à Rimouski en 2010L’Exo PC, la tablette tactile québécoise conçue à Rimouski en 2010
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