Le couperet tombera le 14 octobre 2025. À cette date, Microsoft mettra fin au support technique et aux mises à jour de sécurité pour Windows 10. Plus d’un milliard d’appareils dans le monde tournent encore sous ce système d’exploitation lancé en 2015, dont une part importante ici même au Québec. Si plusieurs y voient une occasion de moderniser leur appareil, d’autres dénoncent une obsolescence programmée déguisée.
Windows 10 encore très populaire

Avec la fin du support, les utilisateurs qui n’auront pas migré s’exposent à des failles de sécurité. Aucune mise à jour ne viendra corriger les vulnérabilités. Microsoft proposera bien une solution temporaire : un programme nommé «Extended Security Updates» (ESU), mais celui-ci sera payant, et réservé aux entreprises. Pour les particuliers? Rien, si ce n’est une invitation à acheter un nouvel appareil compatible avec Windows 11.
Pourquoi votre ordinateur n’est pas compatible ?
Contrairement aux transitions précédentes, passer à Windows 11 n’est pas une simple mise à jour. L’entreprise a imposé des exigences matérielles strictes, excluant automatiquement une grande quantité de machines achetées avant 2018.
Au cœur du débat : la puce TPM 2.0 (Trusted Platform Module). Cette composante, absente ou désactivée sur de nombreux ordinateurs plus anciens, est devenue obligatoire. Microsoft affirme qu’elle renforce la sécurité en protégeant les clés de chiffrement et les processus d’authentification.
S’ajoutent à cela d’autres exigences : processeurs Intel de 8e génération et plus, ou AMD Ryzen 2000 et plus récents, en plus de 4 Go de mémoire vive et 64 Go d’espace disque. Résultat? Même des portables haut de gamme de 2016 ou 2017 sont exclus. Pas parce qu’ils sont lents, mais parce qu’ils ne correspondent pas aux critères arbitraires imposés.
Pour vérifier la compatibilité de votre ordinateur vous devez installer l’application Contrôle d’intégrité du PC
Payer pour conserver Windows 10 c’est possible mais pas pour tout le monde
Pour les entreprises, Microsoft offre un certain répit : un programme de mises à jour de sécurité prolongées, mieux connu sous le nom d’ESU (pour Extended Security Updates). Ce programme permet aux organisations de continuer à recevoir les correctifs de sécurité de Windows 10 pendant trois années supplémentaires, soit jusqu’en octobre 2028.
Mais ce service est payant, et réservé exclusivement aux entreprises, aux institutions gouvernementales et aux établissements scolaires. Pourquoi cette exception?
Parce que dans plusieurs milieux professionnels, pensons aux hôpitaux, aux usines ou aux centres de recherche – certains ordinateurs contrôlent des équipements spécialisés, ou utilisent des logiciels critiques qui ne sont pas compatibles avec Windows 11. Migrer vers un nouveau système n’est pas toujours une simple formalité : il faut tester, certifier et parfois remplacer des logiciels ou du matériel à grand coût.
Dans certaines chaînes de production automatisées, par exemple, un simple changement d’environnement peut provoquer des arrêts majeurs. Le programme ESU permet donc à ces entreprises de gagner du temps, de planifier une migration graduelle et de réduire les risques d’interruption de service.
Pour les utilisateurs à domicile, toutefois, ce genre de marge de manœuvre n’existe pas. Aucun programme ESU gratuit ne leur est offert. Le choix est simple et brutal : remplacer leur appareil, adopter une solution libre, ou continuer à utiliser Windows 10 sans filet de sécurité après octobre 2025.
Conserver son vieil ordinateur c’est possible
Si vous désirez à tout prix conserver votre vieil ordinateur sans toutefois prendre le risque d’être sous un Windows 10 vulnérable, il y a quelques solutions pour vous.
- Installer Windows 11 malgré tout
- Des outils comme FlyBy11, développés par la communauté, permettent de contourner les vérifications de compatibilité imposées par Microsoft. Grâce à cette solution, il est possible d’installer Windows 11 sur des appareils officiellement non pris en charge, sans recourir à des piratages dangereux. Bien que non approuvé, l’outil est réputé stable pour l’instant.
Un tutoriel détaillé est disponible ici
- Des outils comme FlyBy11, développés par la communauté, permettent de contourner les vérifications de compatibilité imposées par Microsoft. Grâce à cette solution, il est possible d’installer Windows 11 sur des appareils officiellement non pris en charge, sans recourir à des piratages dangereux. Bien que non approuvé, l’outil est réputé stable pour l’instant.
- Passer à Linux
- Les distributions Linux, telles que Linux Mint, Zorin OS ou Ubuntu, sont aujourd’hui plus accessibles que jamais. Elles transforment des ordinateurs jugés «inutilisables» en machines rapides, sécuritaires et stables. Pour la bureautique, la navigation web, la consultation de courriels ou les visioconférences, c’est une alternative tout à fait crédible… à condition d’un peu de curiosité.
- Même si l’installation est désormais beaucoup plus simple, elle nécessite presque toujours le formatage complet du disque dur, ce qui efface toutes les données encore présentes sous Windows 10. Il est donc essentiel de faire une sauvegarde complète avant de se lancer.
- Autre bémol : plusieurs logiciels courants sous Windows ne sont pas disponibles sous Linux. Il existe certes des équivalents libres (comme LibreOffice au lieu de Microsoft Office, ou GIMP à la place de Photoshop), mais ils ne conviennent pas à tous les besoins, notamment dans les domaines professionnels ou spécialisés. Pour certains usagers, cette transition peut représenter un choc.
- Cela dit, pour celles et ceux qui acceptent d’apprivoiser un nouvel environnement, Linux reste une solution durable, gratuite, et étonnamment performante sur du matériel plus ancien.
- Acheter un ordinateur usagé ou remis à neuf
- Enfin, des organismes québécois comme Insertech ou Ordinateurs pour les écoles (Pour les OBNL, les CPE et autres organismes seulement) proposent des appareils reconditionnés à faible coût, souvent compatibles avec Windows 11 ou préinstallés avec Linux. Une manière économique et écologique de rester connecté, sans tomber dans le piège de la surconsommation.
Et maintenant ?
Alors que Windows 11 s’apprête à dépasser Windows 10 en parts de marché mondiales, la pression se fait sentir. Des millions d’usagers devront décider s’ils achètent un nouvel appareil, contournent les restrictions, ou adoptent une solution libre.
Mais une chose est claire : le changement ne sera pas sans conséquences, et il reflète une réalité de plus en plus criante dans l’univers numérique. Les grandes entreprises comme Microsoft contrôlent le rythme du progrès… et ce sont souvent les utilisateurs ordinaires qui paient la facture.